En l’espace de deux ans, Ronald Koeman a relevé une sélection batave à l’agonie, humiliée en qualifications de l’Euro 2016 et de la Coupe du Monde 2018, et donc absente desdits tournois. Parti au Barça en début de saison, l’ex-entraîneur d’Everton a laissé à ses successeurs, Dwight Lodeweges puis Frank de Boer, une sélection qu’il avait dressée parmi les favorites au sacre européen…
Un éclatant succès matérialisé par un festival offensif face à l’Estonie (5-0) fin 2019 en guise de clôture de son aventure avec son équipe nationale. Ronald Koeman ne le savait pas, mais ce match à la tête des Pays-Bas, son dernier, résumait parfaitement la métamorphose entreprise et réalisée par l’ancien coach du Feyenoord. Lorsque celui-ci décidait, à l’été dernier, de rejoindre le FC Barcelone, il laissait derrière lui des Oranje à qui il avait redonné un vif éclatant. Tournés en ridicule par la Bulgarie en éliminatoires du Mondial russe, les Néerlandais avaient connu un redressement spectaculaire, concrétisé par des prestations de très haute volée face aux champions du français (2-0), ou encore contre l’Allemagne en Ligue des Nations (3-0) et en qualifications de l’Euro 2020 (4-2).
POURSUIVRE SUR LA LANCÉE KOEMAN

Lorsque l’on compare les listes soumises par Ronald Koeman et Frank de Boer, ou même de l’intérimaire Dwight Lodeweges, rien ne saute vraiment aux yeux. Les cadres sont les mêmes, le 4-2-3-1 est toujours d’actualité. Parmi les changements notables, on remarquera la relégation sur le banc des latéraux Patrick van Aanholt et Joël Veltman au profit de Denzel Dumfries et du prometteur défenseur de l’AZ, Owen Wijndal. Tim Krul, dans les buts, et Davy Klaassen, au milieu, ont quant à eux réintégré la sélection et s’y sont même imposés, reléguant ainsi au second plan Jasper Cillessen et Marten de Roon. Enfin, la longue blessure du capitaine Virgil van Dijk a promu Daley Blind au poste de défenseur central, aux côtés de Matthijs de Ligt.
Les changements opérés par Frank de Boer concernent donc essentiellement le secteur défensif. Plus haut, Frenkie de Jong et Georginio Wijnaldum – ce dernier a même hérité du brassard de capitaine – sont placés dans un double-pivot qui alimente un secteur offensif à quatre éléments, dont deux ont une place assurée sur le terrain : l’Ajacide Davy Klaassen évolue en tant que meneur de jeu et sur sa droite se trouve l’ailier du Feyenoord, Steven Berghuis. Bien sûr, le Lyonnais Memphis Depay fait figure de joueur repère aux avant-postes et son utilité ne fait aucun doute. Plus encore, son importance est primordiale lorsqu’il s’agit de forcer un verrou, comme le témoignent dernièrement ses 120 ballons touchés face à la Lettonie et Gibraltar, des adversaires mineurs, certes. Son positionnement reste encore à cerner : tantôt à gauche, laissant le Sévillan Luuk de Jong prendre place en pointe, tantôt dans l’axe, permettant ainsi à Steven Bergwijn, Ryan Babel, ou Donyell Malen, d’occuper le flanc gauche de l’attaque batave.
En somme, sauf bouleversement majeur, l’équipe des Pays-Bas à l’Euro devrait ressembler à peu de choses près à la suivante : Krul – Dumfries, de Ligt, Blind, Wijndal – Wijnaldum (cap.), F. de Jong – Berghuis, Klaassen, Depay – L. de Jong.
DE BOER A ENCORE BEAUCOUP À PROUVER

Finalistes de la Coupe du monde en 2010 sous Bert van Marwjk, puis demi-finalistes et troisièmes du Mondial brésilien quatre ans plus tard sous Louis van Gaal, les Pays-Bas se sont une nouvelle fois inclinés proche d’un trophée il y a deux ans. Ronald Koeman avait alors, plutôt symboliquement, amené sa sélection en pleine phase de reconstruction jusqu’en finale de la première édition de la Ligue des Nations, perdue de peu face au Portugal (0-1).
Il y a un en encore, on aurait volontiers placé les Pays-Bas parmi les deux ou trois équipes favorites au titre, mais les premiers matchs de Frank de Boer à la tête de la sélection batave ont aisément laissé à revoir les pronostics. Défaits par le Mexique pour la première rencontre sur le banc de l’ex-entraîneur de l’Inter, les Néerlandais ont successivement été accrochés par la Bosnie, l’Italie, puis l’Espagne, avant de (re)nouer avec le succès face à cette même Bosnie, puis contre la Pologne. Et visiblement, les adversaires calibrés posent problème à ces Oranje qui donc, sans avoir réussi à battre l’Italie et l’Espagne notamment, se sont inclinés lourdement en Turquie (4-2) en mars dernier, revers quelque peu épongé par de nets succès face à la Lettonie (2-0) et Gibraltar (7-0).
Dans le groupe qui paraît le plus abordable, les Pays-Bas seront accompagnés de l’Ukraine, de l’Autriche, et de la novice Macédoine du Nord. Si la qualification pour la phase à élimination directe devrait être une formalité, les coéquipiers de Memphis Depay ambitionnent d’offrir au peuple batave le second titre de son histoire, après l’Euro 1988. Il leur faudra un nouveau déclic, et ont tout en main pour le provoquer.